Description
ILLUMINES DE BAVIERE / WEISHAUPT, Adam (1748-1830)
Apologie der Illuminaten.
Frankfurth und Leipzig [i. e. Nürnberg], in der Grattenauerischen Buchhandlung, 1786.
Un volume in-8° (110 x 168 mm) de 374 pages, reliure du début du XIXe siècle en cartonnage bleu, plats ornés de papier marbré, dos lisse orné de filets, pièce de titre jaune.
Marges un peu courtes, page de titre brunie et tache angulaire claire sur les premiers feuillets, papier de couverture un peu frotté au do et sur les arêtes.
Rare édition originale, imprimée à Nuremberg chez Ernst Christoph Grattenau (1744-1815), qui était franc-maçon et fut aussi membre de l’Ordre des Illuminés de Weishaupt. L’indication de Francfort et Leipzig se réfère au fait que l’ouvrage y était vendu en foires.
Professeur de droit canon à Ingolstadt et franc-maçon, Adam Weishaupt (Ingolstadt, 1748-Gotha, 1820), fonda, le 1er mai 1776 – ils étaient trois, Weishaupt et deux de ses étudiants – un mouvement secret qu’il appella l’Ordre des Perfectibilistes, et qui deviendra un peu plus tard l’Ordre des Illuminés, « une association qui par les moyens les plus subtils et les plus assurés parviendrait à assurer le triomphe dans le monde de la vertu et de la sagesse sur la bêtise et la méchanceté ». Il s’agissait de former ses membres pour en faire des hommes grands et nobles et de garantir à ceux-ci dans ce bas monde la récompense de leur perfectionnement ; il s’agissait enfin de les protéger « contre les persécutions, les coups du sort et les oppressions ». Les statuts précisaient que l’Ordre n’avait pas pour but de « répandre des opinions ou de préparer des actions néfastes à l’Etat, à la religion, aux bonnes moeurs ». Les membres se devaient par exemple amitié, disponibilité à secourir et à aider les frères et les profanes, devaient être honnêtes dans la famille et le métier, être satisfaits de leur situation sociale, témoigner du respect aux personnes âgées, aux supérieurs et aux personnes investies de fonctions officielles et s’engager à la modération et à la modestie. Mais il fallait aussi jurer obéissance à des supérieurs cachés ou inconnus de l’ordre, s’observer réciproquement, examiner sa conscience. En huit ans, grâce notamment à un recrutement direct dans les loges maçonniques, l’ordre connut une croissance considérable, essaimant dans toute l’Allemagne et mobilisant jusqu’à des princes souverains. Les Illuminés [qui n’étaient pas du tout les révolutionnnaires assoiffés de pouvoir et de sang dépeints plus tard par leurs détracteurs, NdR], gênaient les milieux patriotiques et ultra-conservateurs de Bavière, qui les désignèrent comme menaçant la stabilité politique de l’état, les dénonçant comme des cosmopolites, des traîtres à leurs patries, coupables d’athéisme, de matérialisme épicurien et autres turpitudes. A la suite des édits des 22 juin 1784, 2 mars et 16 août 1785, toutes les sociétés secrètes, et singulièrement les Illuminés, furent interdites en Bavière. Destitué de son professorat, Weishaupt fut recueilli à Gotha par le duc de Saxe-Gotha, un membre de l’Ordre, et y vécut jusqu’à sa mort, rapidement oublié. En Allemagne du Nord et en Saxe (à Gotha et à Weimar, notamment) les Illuminés poursuivirent durant quelques temps leurs activités, en mode mineur, puis disparurent. Ils ne furent certainement pas à l’origine de la déflagration révolutionnaire de la fin du XVIIIe siècle [pas plus, ajoutons-nous, qu’ils ne furent les fondateurs d’un soi-disant gouvernement mondial occulte, NdR]. (Résumé de Jean Mondot : « La brève histoire des Illuminés de Bavière », in La Chaîne d’Union, 2010/3, no 53, pages 36 à 47).
L’Apologie comporte cinq annexes :
A) page 175 : « An den Herrn Abbé Cosandey ». [Jean-Sulpice Cosandey (17..-1807), Fribourgeois, professeur d’Humanités à Munich, qui se distancia spectaculairement des Illuminés et fut l’un de leurs principaux dénonciateurs en 1785].
B) page 212: « Vorschlag und Plan eines historischen Museums für Bayern und angränzende Gegenden, den Mitfreunden vaterländischer Aufklärung als Anfrage und Einladung freundschaftlichst vorgelegt ».
C) page 227: « Dieser kurze Aufsaz enthält nicht die Geschichte der Verfolgung der Freymaurer-Illuminaten in Bayern, er ist bloss eine glatte, geschwind hingeworfene Erzehlung der lezten Inquisistien, die in München vor sich gegangen, und die den Sturz von verschiedenen in Ansehen gestandenen Männern vorher ankündigte […] ».
D) page 261: « Anzeige eines aus dem Orden der Freymaurer und Illuminaten getrettenen Mitglieds, mit Anmerkungen. Diese merkwürdige Schrift führt den Titel: Bekenntniss eines Freysingischen Geistlichen an seinen Bischof, die Illuminaten betreffend ». [s. l., s. n. e., 3 avril 1785, par Jean-Sulpice Cosandey. Holzmann & Bohatta : Deutsches Anonymen-Lexikon (1902), Band I, Nr 4852].
E) page 305 : « Ueber die Schrecken des Todes. Eine philosophische Rede ». [Edition séparée de cette pièce sous le même titre à Nuremberg, Grattenauer, 1786, in-8° de 86 pages ; traduction française publiée en 1788 à Hambourg, chez P. F. Fauche et Compagnie].
(Goedeke & Goetze : Grundriss zur Geschichte der deutschen Dichtung (1891), Band IV/1, S. 182, Nr 3 ; Holzmann & Bohatta : Deutsches Anonymen-Lexikon (1902), Band I, Nr 2824 ; Wolfstieg : Bibliographie der freimauerischen Literatur (1912), Band II, Nr 42764 : « selten » / rare).