[Manuscrit] – Paul Morand

CHF8,000.00

MORAND, Paul
[MONSIEUR DUMOULIN A L’ISLE DE LA GRENADE].
Manuscrit autographe de 15 ff.
Dossier 24 x 30,5 cm, en demi cuir et à chants rouges, dos lisse, titre en lettres dorées, les plats recouverts de papier marbré, le tout présenté dans un élégant emboîtage en cuir rouge. Le dossier contient un manuscrit incomplet de la main de Paul Morand comptant 15 feuillets numérotés de 0 à 9 (dont un feuillet 1bis), XVIII-XIX et deux feuillets n. ch.

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Description

MORAND, Paul

[MONSIEUR DUMOULIN A L’ISLE DE LA GRENADE].

Dossier 24 x 30,5 cm, en demi cuir et à chants rouges, dos lisse, titre en lettres dorées, les plats recouverts de papier marbré, le tout présenté dans un élégant emboîtage en cuir rouge. Le dossier contient un manuscrit incomplet de la main de Paul Morand comptant 15 feuillets numérotés de 0 à 9 (dont un feuillet 1bis), XVIII-XIX et deux feuillets n. ch.

Contraint à l’exil après la Seconde Guerre mondiale en raison de ses positions vichystes, Paul Morand passe près de trente ans en Suisse, où il avait d’ailleurs été un temps ambassadeur (1944). Dès 1948, il s’installe à Vevey où il occupe un appartement dans le château de l’Aile. Pendant cette période d’éloignement relatif – il sera quand même élu à l’Académie française en 1968 – il côtoie le monde intellectuel local, dont Jacques Chardonne, et recevra même la bourgeoisie d’honneur du lieu. La Riviera vaudoise occupera toujours une place importante dans sa vie. Pour preuve, son intérêt pour François Aimé Louis Dumoulin (1753-1834). Dans les années 1970, sur la suggestion de René Creux (1914-2002), qui était lui-même illustrateur et graveur, Paul Morand se lance dans la rédaction d’une étonnante biographie romancée de cet artiste veveysan (cf. Journal inutile, t. 2, pp. 319 et 330). Dumoulin est connu en Suisse romande pour ses peintures coloniales et maritimes du temps de la guerre d’Amérique (1775-1785). Vers 1773, à l’âge de vingt ans et alors qu’il exerce l’activité de commerçant, ses affaires le mènent à Londres puis dans les Antilles. C’est là qu’il apprend à dessiner et à peindre, et qu’il termine ses premiers tableaux. Son séjour sur l’île de Grenade, à l’époque de l’émancipation des Treize Colonies, à un moment où les flottes anglaises et françaises s’affrontent brutalement pour la domination des mers, fouette sa créativité et lui inspire de très nombreux sujets. A la fin de sa vie, à Vevey, il laisse derrière lui une quantité importante d’oeuvres où se mêlent exotisme colonial, navigations épiques, abordages audacieux et autres faits d’armes intrépides. Ces toiles représentent également une source historique de tout premier ordre. L’originalité des compositions de Dumoulin, le mystère qui entoure toujours la vie de l’artiste, ont visiblement captivé Paul Morand qui lui consacre ce texte entièrement romancé, enrichi d’une correspondance fictive.

Le manuscrit présenté ici, écrit à la plume et fortement raturé, est incomplet, comme le montre la numérotation discontinue des feuillets (manquent notamment les pages I à XVII, qui correspondent à une partie des lettres soi-disant adressées par Dumoulin à son père). L’ouvrage sera publié par René Creux après la mort de Morand sous le titre Monsieur Dumoulin à l’isle de la Grenade (Paudex : Editions de Fontainemore, 1976). La comparaison montre que le texte édité en 1976 est passablement différent du manuscrit proposé ici. Dans l’épilogue, on peut lire ce commentaire de l’éditeur qui permet de saisir l’esprit dans lequel cette biographie romancée a été écrite: « Le présent ouvrage comprend, tout à la fois, un récit et des lettres imaginaires de Paul Morand, qui restitue le climat de cette époque, ceci afin de pallier l’absence de documents biographiques. » (p. 113). Magnifique et rare manuscrit de l’un des derniers ouvrages écrit par Paul Morand.